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CONCLUSION

 

Descarries rêvait d’une carrière internationale comme pianiste-virtuose, mais cette carrière de soliste comportait son lot d’embûches. Il fallait d’abord faire face à la compétition internationale des Joseph Hoffman et Vladimir Horowitz de ce monde. Il fallait aussi s’associer à un impresario dont les honoraires étaient élevés, et surmonter les difficultés et les aléas des nombreux voyages en bateau. Dernière difficulté et non la moindre, le pianiste devait choisir un répertoire qui réponde aux attentes du public, des « chevaux de bataille » pour ainsi dire, excluant bien souvent ses propres œuvres.

 

Aucun pianiste canadien ne pouvait alors imaginer, à cette époque, semblable carrière. Même un Émiliano Renaud (1875-1932), un Alfred Laliberté (1882-1952) et un Stanley Gardner (1890-1945), trois pianistes-compositeurs formés à Berlin et à Vienne au début du siècle, n’ont réussi à s’imposer sur la scène internationale, à l’exception peut-être d’un Jean Dansereau (1891-1974) à titre d’accompagnateur.

 

Descarries a donc développé une carrière multiforme comme pianiste, organiste, accompagnateur et chambriste, professeur en piano, analyse et histoire, conférencier et chroniqueur dans diverses revues.

 

Que signifiait alors être moderne dans les années actives de Descarries ? Être authentique, au service de la musique, et non carriériste. Être soi-même, faire confiance à son individualité, et non chercher à se fondre dans le moule du discours nationaliste et folklorisant de l’entre-deux-guerres tel que porté par le chanoine Lionel Groulx et Claude Champagne. Refuser le folklore comme unique source identitaire. S’ancrer dans la tradition sans en être esclave. Descarries représente à mes yeux la face cachée de la modernité. Il était un moderne en liberté, un « électron libre » circulant dans la cellule de la modernité.

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